voeux de Mady Kissine, alias Christine
Mensonge, vérité,
Le tout fait-il symbole,
Un jour, pour écouter
La dernière parole ?
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Il nous manque souvent
La ligne qui traverse
Un peu les éléments
Sans faire controverse.
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Tout se peut accomplir
Pourvu que la surface
Aide à mieux réfléchir
Aux choses qui se passent.
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Un souvenir, un mot,
Une photographie,
Un poème, un ruisseau
Qui chante, font la vie
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Plus vraie, peut-être bien,
Qu'une science apprise
Et constituent ces liens
Que le cœur utilise.
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Aussi : n'hésitons pas
Devant la mer immense.
L'avenir est là-bas
Fort de sa transparence.
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Nous ne savons pas tout.
C'est ce qui nous entraîne
À partager le tout
De la valeur humaine.
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Le talent du don
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Ce qui nous appartient n'a pas tant d'existence
Après un ouragan tordant les apparences.
Les princes et les rois ne savent pas cela,
Rêvant au prompt retour de glorieux combats.
Pour ce que l'esprit sait, vivre la même histoire
Est un socle portant l'espoir de la victoire.
Mais, on le voit bientôt, les êtres sont changeants.
Ce qui plaît aujourd'hui s'enfuira dans le vent.
Combien nous hésitons devant les utopies
Quand il faut s'éveiller d'ardentes rêveries !
Pourquoi certains sont-ils toujours droits, toujours prêts,
Visiblement joyeux ? Quel est donc leur secret ?
Car vivre sans douter, cela n'est pas possible.
Il faut un équilibre entre éléments sensibles.
"Il faut". Que dites-vous ? De quelle vérité
Parle-t-on ? Le talent donne une liberté.
La chance, quelquefois, le travail, font le reste
En rattrapant le temps – mais ce diable est fort leste.
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Qui sommes-nous ?
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Homme, femme, qui êtes-vous ?
Le monde change. Il serait fou
De nous inventer mille guerres,
Jour après jour, pour ne rien faire
D'autre que toujours séparer
Les vivants qui nous sont donnés.
Le genre et la loi naturelle,
Comme des voyous, se querellent.
La ferveur de l'individu
Révèle qu'il se sent perdu,
Qu'il souffre mille maladies,
Mille malaises, dans sa vie.
Le problème est-il entre nous,
En soi-même ? On perd beaucoup
Plus qu'on ne gagne à cette affaire.
Pourtant combien se disent frères…
Mais c'est un mot qu'on ne vit pas
Sans renoncer à tout combat,
Sans réfléchir à la manière
De laisser passer la lumière
À travers nos failles, nos peurs.
D'où vient que nous portons le cœur
À son pinacle et sans adresse ?
Il s'en faut d'un peu de tendresse.
Hélas, en nous tenant bien droit,
Il nous arrive quelquefois
D'apercevoir l'horizon blême
Qui s'étire jusqu'à l'extrême.
À ceux qui ne voient pas si loin,
L'avenir n'est qu'un petit point
Dont ils ignorent l'importance.
À l'instant faisant allégeance,
L'être vivant met son esprit
Au niveau plat du pissenlit
Qui se nourrit par la racine
Et par la pluie de la routine.
L'océan, pour s'en souvenir,
Use du sel. Nous, du désir.
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Pie phobisme
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Avec son bel habit toujours bien repassé,
Qu'il pleuve ou fasse beau, la pie chante à tue-tête.
Elle indique une adresse où chacun fait la fête.
C'est au ciel, pardieu oui, voilà la vérité.
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Ce qu'on croit, ce qu'on dit, tout cela s'est mêlé.
Sa réputation fait d'elle une indiscrète
Et même, pour certains, la pie est malhonnête.
Or c'est son vêtement qui est très jalousé.
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Ce n'est pas seulement la douceur de la plume
Et ce n'est pas non plus le jabot du costume
Qui vexe, sur les toits, les humbles passereaux.
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C'est, disons-le tout net, la jalousie profonde
Pour toute différence au ciel et par le monde.
Il faudrait en sortir car cela n'est pas beau.
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Aphorismes d'hiver
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L'intelligence a si peu de flatteurs
Qu'elle vit seule et même un confesseur
La quitterait, s'il fallait que l'histoire
Fût pardonnée, de ses faits dérisoires.
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Que dites-vous, cher ange de mes nuits ?
Que craignez-vous de ce qui, toujours, fuit :
L'esprit humain se cherche des complices,
Des ennemis, pour que tout s'accomplisse.
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Fatalité ! Vous êtes dans l'horreur.
Il ne vaut rien de nous briser le cœur.
Nous arrivons peut-être un jour de fête
Et nous voyons victoire et défaites,
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Mais nous changeons si peu le cours du temps !
Regardons-nous. Le miroir est troublant.
Pour un amour qui naît, la vie est belle
Et quand il meurt, on pleure une hirondelle.
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Or la jeunesse est vive un seul instant
(Et dangereuse : elle voit tout en blanc).
Pour la beauté, ce qui reste est la vie,
Ce qu'on en fait, sur la route infinie.